Cette expression cornouaillaise, qui métaphorise une femme visiblement enceinte, me fait toujours penser à La Lune du Tarot de Marseille. En effet, comme on peut le lire dans la légende de l’illustration ci-dessus, elle évoque le produit d’une pêche tenu dans le panier d’un marin, une langouste ou bien un homard au dos arrondi, forme évocatrice d’un ventre alourdi par une grossesse ; ou tout autre fruit de mer, comme l’écrevisse illustrée dans le TdM — qui représente déjà l’inconstance avec sa manie de reculer en avançant. C’est un trait de caractère attribué au féminin, comme Abraham Janssen, peintre du XVIIè siècle, nous l’a démontré avec son superbe tableau intitulé Inconstanza, où la la lune et l’écrevisse sont tenues par une dame aux attributs maternels mis en valeur. Or, si cette analogie est intéressante pendant les tirages sur la maternité en général, elle l’est tout particulièrement quand la question concerne la légitimité de la grossesse, et donc de la filiation. Le consultant est-il bien l’enfant du père que sa mère lui a désigné ; ou bien encore, l’enfant que sa compagne attend est-il bien de lui ? En effet, pour en revenir à l’expression cornouaillaise, le marin sait ce que contient son panier et ne doute pas qu’il s’agit du produit de sa pêche. Ce qu’il fallait démontrer. Cela n’est qu’un détail, une anecdote parmi les multiples significations de La Lune du TdM, mais j’ai eu l’occasion de m’en servir quelques fois, et il s’est avéré par la suite que c’était à bon escient.
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