Il est courant pour l’apprenti tarologue ou l’apprenti taromancier de s’arracher les cheveux devant la multitude de manuels de tarologie et de significations accordées à chacune des 78 lames du TdM. Or, si certains sont valables et pertinents, d’autres sont au contraire totalement farfelus ou malhonnêtes. Certes, mais comment trier entre le papyrus et la feuille de chou ? Déjà, en commençant par comprendre que le TdM est un langage symbolique avec une grammaire et du vocabulaire. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire deux choses principales : 1 – les significations des cartes du TdM ont des origines (oui, il y en a plusieurs). 2 – la syntaxe du TdM doit être logique.
“Autrement dit : il ne sert à rien d’apprendre par cœur les mots-clés d’une carte si on ne sait pas pourquoi ces mots-clés lui sont attribués.”
Donc, pour commencer, il ne faut s’intéresser qu’aux auteurs de manuels qui justifient avec des arguments les significations qu’ils attribuent aux cartes. Par exemple, pour les Honneurs et les Numérales, les significations d’une carte doivent toujours découler de la rencontre de son enseigne et de son numéro. Je resserre la focale pour illustrer mon propos sur l’enseigne du Bâton : Les honneurs et numérales du Bâton se voient attribuer tour à tour ou conjointement des significations ou des notions d‘énergie, de déplacements, de travail, d‘Étranger, de lenteur, de retard, de pouvoir, de commerce, etc. Mais si on ne sait pas pourquoi, (car oui, il y a des explications à ces attributions), alors il est fastidieux et inutile de les apprendre bêtement, car il sera difficile lors d’un tirage de faire confiance au sens que l’on attribuera aux cartes, et donc de déclencher sereinement ses intuitions si on ne valide pas par le savoir le pourquoi de ces significations. Et tant qu’une signification n’est pas acquise, inutile d’en ajouter d’autres à la valeur de la carte. En vérité, l’apprentissage du TdM est ardu, lent et progressif.
As de Bâton
On attribue au Bâton ce qu’il possède déjà par essence : de l’énergie. Donc, de la force, une puissance sexuelle et procréative, voire créative, et par extension une force de travail et du pouvoir. Et pourquoi cela ? Parce que le bois vient des arbres, puissants et pouvant vivre plusieurs siècles et nous enterrer tous. Chaque honneur royal possédant un bâton en tant que sceptre, par exemple, a du pouvoir, donc dirige, commande, etc. Pour bien comprendre toutes les subtilités des enseignes du Bâton, il faut également connaître une autre analogie indispensable : celle du Bâton avec le bois des flèches. En effet, les tarots médiévaux italiens représentent les Bâtons par des flèches avec pointe acérée en fer et empan de plumes (notamment sur les honneurs du Brera-Bambilla et sur les numérales du Cary-Yale). Les cartes orientales des Mamelouks portent également l’image de la flèche. Or, cet objet se déplace pour atteindre un objectif au loin. Le Bâton représente donc le mouvement. Donc, les déplacements, les voyages, et logiquement les affaires et le commerce avec le lointain, l’Étranger, car les longs trajets d’autrefois permettaient de commercer avec les pays voisins puis plus lointains. C’est pour cela que le Roi ou la Reine de Bâton peut parler d’une personne en rapport avec l’Étranger ou le commerce (entre autres significations, bien sûr). Qui dit déplacement dit aussi communication avec autrui qui habite plus loin que son voisin, donc échange de courriers, d’informations, apprentissage de ce que l’on ne connaît pas encore, voire capacités à parler une langue étrangère ou acquisition d’une langue étrangère, ou à tout le moins aisance dans la communication. Le bois étant une matière première ancienne et idéale pour construire des cabanes ou des maisons, certaines cartes sous l’enseigne du Bâton pourront parler de l’habitat et de ce qui y affère. Quant au monde du travail, y seront concernés les métiers plutôt manuels ou requérant de la force, de l’habileté, ou parfois la pratique d’un instrument à vent quand c’est dans le sujet de la question (sifflet, bois dont on fait les flûtes, etc.) Avec le Bâton, on innove, on construit, on fabrique. In fine, on ne finit jamais d’apprendre avec le Tarot de Marseille !
Comentarios