Monsieur C. est momentanément impuissant

En 1998, un jeune homme me consulte pour une guidance sexo. Il est bien embêté parce qu’il n’arrive plus à tenir ses érections depuis qu’il a emménagé avec sa copine. Je ne suis pas une fan de la généralité mise en avant par Freud sur « la maman et la puta*n » mais ici, la coïncidence m’oblige quand même à y penser, car après tout, c’est un stéréotype très ancré. De plus, le problème ne se posait pas au cours de leurs six premiers mois de couple, quand ils ne vivaient pas encore ensemble. Pour vérifier mon intuition, je pose des cartes « sur son père » et « sur sa mère ». je retourne sans surprise la Reine de Bâton sur lui et la Reine d’Épée sur elle. « Votre père était-il volage ? » Monsieur C. me le confirme, en me précisant que ses parents faisaient même chambre à part. « Vous voyez, je lui explique, La Reine d’Épée est « sur votre mère » : c’est la femme officielle, légale. Et « sur votre père », il y a une Reine de Bâton, qui est parfois la maîtresse cachée, l’amante non officielle. Pensez-vous que votre copine était une Reine de Bâton jusqu’à ce que vous fassiez d’elle une Reine d’Épée en emménageant avec elle ? » Monsieur C. n’avait pas fait le rapprochement, et pourtant, il trouve que c’est pertinent d’en faire un. J’en profite pour lui rappeler que je ne suis pas une thérapeute, et que s’il ne retrouve pas ses érections d’avant, il pourra peut-être en discuter avec un professionnel compétent sur la question. « D’accord, merci. Pouvez-vous quand même me dire si, heu… si ça va s’arranger ? » Mon tirage suivant est rassurant : « Oui, ça peut. Mais n’attendez pas que ça revienne tout seul. Si le « symptôme » persiste, allez voir un thérapeute. » J’apprendrai, quelque temps plus tard, que « tout est rentré dans l’ordre ». Je suis une cartomancienne discrète, donc je ne lui demande pas comment. Le Tarot permet parfois des prises de conscience et de « mettre le doigt là où il faut » (pardon pour cette métaphore), et c’est une merveille qui me suffit.